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/ Faculté des arts et des sciences

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Grands enjeux


Au-delà de l’évolution des champs de recherche et des disciplines, l’analyse effectuée par la direction à l’appui de celles des unités retient plusieurs enjeux contextuels qui concerneront l’ensemble de la communauté facultaire au cours des prochaines années.

 

1- LE CHANGEMENT DE LA RÉALITÉ ÉTUDIANTE

Force est d’admettre que la plupart des programmes de notre faculté, en particulier au premier cycle, sont organisés pour des étudiants de 18-25 ans ayant réussi leur collégial en quatre sessions, s’engageant à l’université sans nécessité de travailler, sans responsabilité familiale et sans projet de vie parallèle exigeant (bénévolat, engagement politique ou communautaire, par exemple). Comme le confirment non seulement l’expérience des professeurs, chargés de cours et techniciens en gestion des dossiers étudiants (TGDE), mais aussi un avis du Conseil supérieur de l’éducation, ce cheminement étudiant devient l’exception plutôt que la règle. De plus en plus d’excellents étudiants ne correspondent pas à un profil académique simple et linéaire. Dans la mesure du possible, nous devons nous adapter à cette nouvelle réalité.

Notre faculté s’est profondément engagée dans le déploiement des études supérieures et de la recherche, ce qu’attestent les deux dernières planifications stratégiques. Nous avons, par ailleurs, mis en place des formations professionnalisantes (par exemple nos nombreux diplômes d’études supérieures spécialisées [D.E.S.S.]) et, plus récemment, avec la création du Centre de développement professionnel PRAXIS, une offre de formation continue qui se développe en partenariat avec des professeurs de différentes disciplines. Ces activités professionnalisantes sont directement liées aux recherches menées dans les unités qui offrent ces formations. Le lien symbiotique entre recherche et enseignement est donc une réalité pour toutes les unités.

L’internationalisation de nos campus est par ailleurs de plus en plus palpable et multiforme : création de programmes d’études au premier cycle et aux cycles supérieurs comportant une mobilité internationale obligatoire avec une ou plusieurs de nos universités partenaires, développement progressif de doubles diplômes avec des partenaires privilégiés, etc. L’augmentation du nombre d’étudiants étrangers (francophones et non-francophones) dans nos programmes de premier cycle est un signe éloquent de cette internationalisation, qui ne manquera pas de s’accroître au cours des prochaines années, notamment grâce à la signature, en 2018, d’une entente en matière de mobilité étudiante entre le gouvernement du Québec et le gouvernement de la Communauté française de Belgique. La formation des étudiants de la Faculté s’internationalise elle aussi par des séjours d’échanges, la réalisation de stages à l’étranger nécessaires à la diplomation, l’inscription en cotutelle pour le doctorat, l’apprentissage des langues étrangères et du français langue seconde. Conscientes du changement de la réalité étudiante énoncée plus haut et soucieuses de ne pas laisser pour compte certains de nos étudiants, les différentes unités de la Faculté veillent aussi à accroître les possibilités d’expérience d’ « internationalisation à la maison » (accroissement et diversification des ententes internationales permettant des échanges professoraux récurrents et pérennes, organisation de mobilités de courte durée d’une à deux semaines, accueil d’étudiants internationaux pour des programmes réguliers ou d’échanges).

CYCLES SUPÉRIEURS

Travailler à attirer une plus grande part des meilleurs étudiants d’ici et d’ailleurs nous permet de jouer pleinement notre rôle de formation, tout en nous assurant que nos équipes de recherche peuvent recruter les talents nécessaires à la réalisation de recherches innovantes et stimulantes.

Depuis 2010-2011, les inscriptions aux cycles supérieurs se maintiennent, voire augmentent, dans plusieurs de nos programmes. Le premier facteur d’attractivité de la Faculté pour les étudiants québécois, canadiens et étrangers reste le talent et l’excellence de nos professeurs, de leurs équipes et de leurs recherches. Permettre aux étudiants de poursuivre leur cheminement dans les meilleures conditions (encadrement, soutien financier) est une responsabilité facultaire et une condition de réussite.

Les mesures de la nouvelle Politique québécoise du financement des universités nous permettent d’espérer que nous pourrons mieux réaliser nos ambitions aux études supérieures, par exemple en s’assurant que nos effectifs professoraux correspondent aux besoins réels d’encadrement.

Notre capacité à offrir un financement intégré adéquat et concurrentiel aux étudiants de cycles supérieurs est stratégique. Or, la popularité de nos programmes fait en sorte que les sources de financement institutionnelles actuelles sont insuffisantes pour assurer un niveau de financement adéquat pour le nombre d’étudiants inscrits. Les subventions de recherche, les partenariats et la philanthropie sont donc appelés à jouer un rôle croissant dans le soutien financier des étudiants aux cycles supérieurs. La diversification et l’augmentation de notre financement intégré aux cycles supérieurs sont d’autant plus importantes que plusieurs de nos équipes de recherche attirent des étudiants internationaux, au doctorat notamment, dont l’éligibilité aux concours habituels de bourses est variable.

Au-delà des objectifs de recrutement et des contraintes financières, un enjeu académique mais aussi moral reste entier : nos succès en matière d’inscriptions aux études supérieures ne se traduisent pas toujours par un taux de diplomation ou une durée d’études raisonnables. Trop d’étudiants à la maîtrise et au doctorat ne terminent pas leur cursus et, en particulier au doctorat, la durée des études dépasse nettement les délais souhaités.

Plusieurs enjeux de santé psychologique apparaissent aussi chez nos étudiants en situation de fragilité académique, et il est essentiel de s’y attarder. Si la qualité de l’encadrement professoral est déterminante, un facteur important de diplomation est l’intégration à une communauté riche de pairs-chercheurs et l’accès à des espaces de recherche qui permettent de trouver des collaborations, du soutien et de développer un esprit de cohorte. L’accès à ces espaces est une réalité trop variable au sein de notre faculté : il y a urgence à repenser la façon d’offrir des lieux de collaboration pour le plus grand nombre d’étudiants possible.

À l’issue de leurs études, de plus en plus d’étudiants des cycles supérieurs ne poursuivront pas une carrière académique. Le potentiel de ceux-ci est large et diversifié : comment pouvons-nous les accompagner efficacement, en amont et en aval de leur diplomation, pour qu’ils puissent avoir l’impact souhaité?

 

En bref
Nous devons maintenir nos ambitions aux études supérieures et même les élever. Une attention particulière devra être portée aux possibilités de financement (par exemple, en diversifiant les montages de financement intégré et en augmentant le nombre de bourses d’exemption des droits supplémentaires de scolarité destinées aux étudiants internationaux) et à la création de communautés de pairs-chercheurs en vue d’attirer et de retenir les meilleures étudiants, d’ici et d’ailleurs, et de les accompagner vers la diplomation. Nous devons aussi nous assurer que notre recrutement d’étudiants s’appuie sur des capacités appropriées d’encadrement, sur des infrastructures conformes aux besoins et sur des formations enrichies, pour non seulement soutenir les étudiants durant leur parcours dans notre faculté, mais aussi les préparer à réussir leur avenir professionnel et leur vie citoyenne.
PREMIER CYCLE

Étant donné l’importance des activités de recherche pour notre faculté, l’attention pour les études supérieures se comprend aisément. Toutefois, il est impératif de nous pencher sur le renouvellement de nos programmes de premier cycle afin d’assurer la vitalité de tous nos secteurs d’activité et de mieux réaliser la complémentarité de nos formations aux différents cycles.

L’attrait de nos programmes de premier cycle est bien entendu d’abord et avant tout académique. Il repose sur l’excellence de nos professeurs et de nos chargés de cours, ainsi que sur la qualité de l’enseignement que nous donnons. La réputation de nos programmes est un autre facteur déterminant.

La structure et les objectifs de nos programmes d’études de premier cycle doivent donc être examinés pour nous assurer qu’ils reflètent la qualité intrinsèque de nos unités, traduisent l’évolution des champs et des besoins sociétaux et répondent aux attentes des étudiants. Par exemple plusieurs titres de cours ou de programmes masquent le dynamisme de leurs contenus ou leurs domaines d’application. Certaines des structures de programmes reflètent des réalités départementales qui n’ont pas été mises à jour au gré des recrutements professoraux, parfois depuis plusieurs années.

À ce défi constant s’ajoute une évolution de la réalité étudiante. En effet, le rehaussement de la qualité et de l’attrait de nos programmes de premier cycle revêt une importance stratégique majeure dans un contexte où la réalité étudiante est en transformation. En outre, l’omniprésence du numérique dans le quotidien des étudiants transforme leurs façons d’apprendre et leurs attentes à l’égard de l’enseignement.

 

En bref
Pour continuer d’accueillir des étudiants curieux, engagés et motivés, nous devons nous assurer de leur donner accès aux meilleurs professeurs et chargés de cours, ce qui implique de garantir à ces derniers le soutien pédagogique nécessaire. La Faculté doit s’engager à mieux mettre en valeur l’évolution de nos domaines et thèmes de recherche dans les structures de programmes et dans les titres de cours. La mission d’excellence et d’interdisciplinarité qui définit notre faculté s’incarne en outre dans une diversité croissante. Il est de notre responsabilité, comme enseignants, comme chercheurs, comme membres du personnel de soutien et d’administration et comme équipe de direction, d’offrir une accessibilité plus inclusive aux études universitaires. De notre flexibilité académique et administrative dépendront le rayonnement et l’attractivité de notre faculté.
ATTENTES DES ÉTUDIANTS À TOUS LES CYCLES ET EN FORMATION CONTINUE

Les attentes des étudiants envers leurs études évoluent et plusieurs plans stratégiques déposés par les unités de la Faculté en ont rendu compte, souvent pour intégrer ces transformations dans leur projet de mise à jour de programmes. Un consensus concernant ces nouvelles attentes se dégage de différents documents : outre les plans des unités, les plans d’action liés à l’évaluation des programmes ainsi que les réflexions préliminaires associées à la Signature Université de Montréal du vice-rectorat aux affaires étudiantes et aux études proposent des solutions.

En voici les principales :

  • offrir une plus grande flexibilité dans l’horaire et dans les modalités pédagogiques;
  • disposer d’une meilleure offre d’expériences pratiques, de stages ou de projets concrets au cours des études;
  • proposer une expérience internationale, lorsque possible et pertinent;
  • favoriser un meilleur accès à des contenus multidisciplinaires;
  • soutenir la possibilité de s’engager dans des projets non-académiques ancrés dans les valeurs ou les passions des étudiants.

Les efforts significatifs pour développer la scolarisation et l’accessibilité aux études commencent à porter fruit. Cette normalisation croissante de la poursuite d’études universitaires est bien entendu un gain sociétal majeur, mais elle vient aussi avec de nouvelles responsabilités. Nous accueillons ainsi un plus grand nombre d’étudiants dont les réalités socio-économiques et personnelles, les besoins et les attentes sont très hétérogènes. Pour ne nommer que deux exemples, les demandes d’accommodement pour les étudiants en situation de handicap sont en croissance rapide, tout comme les services nécessaires pour accompagner des étudiants en cheminement de francisation.

La nature des études universitaires est aussi en profonde évolution en ce qu’elles ne se limitent plus à une étape de la vie glissée entre le collégial et l’entrée sur le marché du travail. Les études universitaires deviennent une pratique intermittente à intensité variable tout au long de la vie, par effet de transformation de plusieurs secteurs d’emploi et de choix de développement et d’épanouissement personnels. La demande de formation continue est en augmentation constante. D’une certaine façon, les étudiants de la Faculté des arts et des sciences sont de potentiels récidivistes!

 

En bref
Une très grande majorité des plans stratégiques des unités reflètent le souhait de renouveler les offres de formation afin de refléter l’évolution des champs de connaissance, mais aussi de repenser leurs programmes pour fournir une expérience académique plus riche en stages, projets pratiques et internationalisation. Plusieurs unités aspirent à développer des formations continues au sein de notre centre PRAXIS. L’accompagnement d’une population étudiante de plus en plus diversifiée rend ces démarches nécessaires.

2- LES TRANSFORMATIONS DU FINANCEMENT DE LA RECHERCHE

 

Grâce à nos professeurs, nos étudiants et au personnel, notre capacité en recherche est exceptionnelle. L’excellence de nos recherches est reconnue localement et internationalement. Elle se traduit par l’impact de leurs travaux dans leur domaine de recherche, bien entendu, mais aussi par les effets de leurs travaux sur les politiques publiques, ainsi que sur les pratiques cliniques et professionnelles. De manière générale, l’excellence de nos recherches est essentielle à la qualité de nos formations, à tous les cycles.

Nos succès en recherche sont d’autant plus remarquables qu’ils ont été réalisés au cours d’une période de transformation profonde du financement, dont les effets ont été lourds pour plusieurs de nos collègues. Les derniers budgets provinciaux et fédéral annoncent un réinvestissement substantiel dans les organismes subventionnaires soutenant nos activités. Ce réinvestissement pallie la stagnation, voire la diminution du soutien à la recherche au cours de la dernière décennie. Cette période de contrainte budgétaire s’est en outre accompagnée d’une transformation du type de concours auxquels nos chercheurs peuvent candidater. L’encouragement de la recherche orientée ou appliquée a ainsi souvent pris le pas sur la recherche dite fondamentale.

L’écosystème du financement de la recherche dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui est donc revigoré, mais traversé d’orientations politiques parfois divergentes. Ce contexte touche non seulement nos chercheurs et leurs équipes, mais aussi notre capacité à les soutenir de trois grandes façons.

L'augmentation du nombre de concours aux finalités et critères distincts

L’évolution du système subventionnaire a multiplié le nombre de concours et d’exigences souvent incompatibles. Si cette multiplication favorise une plus grande diversité de finalités de recherche, elle représente aussi un fardeau accru pour nos chercheurs qui doivent maîtriser un nombre croissant de règles, de formulaires et de formats idiosyncratiques de curriculum vitæ. Ce temps passé à décoder les attentes et règles des différents concours est du temps qui n’est plus consacré à la recherche elle-même.

La Faculté soumet en moyenne annuellement près de 500 demandes de subventions plus variées les unes que les autres. S’adapter pour bien accompagner tous nos chercheurs dans cet environnement en évolution constante est un défi exigeant, mais incontournable.

La progression des universités comparables

Les transformations du financement de la recherche ont incité d’autres universités au Canada à repenser leur recrutement et leur accompagnement des chercheurs, ce qui leur a permis de se positionner de manière remarquable dans les concours subventionnaires ces dernières années (citons, par exemple, l’Université de Colombie-Britannique, l’Université d’Ottawa et l’Université d’Alberta).

Nos succès en recherche financée par les organismes fédéraux, qui augmentent en absolu, sont fragilisés par la croissance plus rapide de nos concurrents. Leurs progrès relatifs ont donc un impact sur notre propre financement en recherche. Le nombre de candidatures admissibles pour une institution donnée (ou le montant total des sommes que nous pouvons demander lors des concours) à plusieurs subventions fédérales (comme celles des Chaires de recherche du Canada, de la Fondation canadienne pour l’innovation, des bourses Vanier et Banting) est ainsi établi en fonction des résultats obtenus aux concours précédents. L’université qui accroît sa part de financement dans un concours subventionnaire augmente du même coup ses possibilités de candidater à d’autres concours (ou les sommes qu’elle peut solliciter). Notre succès aux concours subventionnaires revêt donc une urgence particulière si nous souhaitons développer notre capacité en recherche et les possibilités de nos étudiants de s’inscrire à des concours de bourses prestigieux.

L'interdisciplinarité et l'intersectorialité

Notre faculté se distingue, entre autres, par la très grande qualité et la diversité de ses recherches disciplinaires, par le foisonnement de ses projets interdisciplinaires et, de manière avant-gardiste, par la mise en œuvre de plusieurs programmations intersectorielles. L’augmentation annoncée de l’enveloppe budgétaire des organismes subventionnaires provinciaux et fédéraux laisse espérer un rehaussement du financement de la recherche non-orientée, qu’elle soit disciplinaire, interdisciplinaire, fondamentale ou appliquée. Il est toutefois impératif de saisir les nouvelles possibilités de financement offertes dans les prochains concours des organismes subventionnaires au Québec et au Canada (par exemple aux programmes Audace ou aux programmes bilatéraux de recherche collaborative des Fonds de recherche du Québec, aux projets de recherche appliquée à grande échelle de Génome Canada, de Calcul Canada) qui valorisent spécifiquement les demandes interdisciplinaires et intersectorielles, souvent avec une ouverture sur la recherche-création. Les grandes initiatives internationales en recherche, comme Horizon 2020, doivent rester parmi nos priorités en développement de partenariats internationaux, en plus des collaborations plus classiques avec les fonds subventionnaires nationaux (Agence nationale de la recherche [ANR], Fonds national suisse pour la recherche scientifique [FNS], etc.) et des possibilités de financement des coopérations bilatérales offertes notamment par le ministère des Relations internationales et de la Francophonie du Québec. Ces transformations offrent une occasion de développement pour notre faculté où le potentiel d’interdisciplinarité est bien réel et ressort de plusieurs plans stratégiques d’unités. Nombre de nos chercheurs souhaitent mener des travaux à la jonction des disciplines.

En bref
L’évolution de l’écosystème de la recherche doit nous pousser à bonifier notre accompagnement des chercheurs dans le processus de demandes de subvention afin d’alléger le fardeau lié à ces concours et d’augmenter nos succès. Nous devons aussi mieux tirer profit de l’interdisciplinarité structurante de la Faculté qui trouve maintenant des moyens financiers plus conséquents.

3- LA RÉALISATION DU CAMPUS MIL

À l’automne 2019, le Complexe des sciences au campus MIL accueillera, à l’intersection des arrondissements d’Outremont, du Plateau- Mont-Royal, de Rosemont–La Petite-Patrie, de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension et de la Ville de Mont-Royal, quatre départements de notre faculté (chimie, géographie, physique, sciences biologiques). Il s’agit là d’une occasion unique de créer un milieu stimulant d’études, de recherche et de travail pour plusieurs de nos étudiants, professeurs, chargés de cours et membres du personnel de soutien et d’administration. Le campus MIL nous donne aussi la possibilité de développer des collaborations communautaires dans de nouveaux quartiers. Ce redéploiement de certaines de nos activités nous offre l’occasion de repenser les espaces d’un grand nombre d’unités de notre faculté, afin d’améliorer leurs conditions d’études et de recherche.

Le Complexe des sciences   

 

Ce projet comporte en premier lieu des défis logistiques associés au déplacement des activités de près de 200 professeurs et 2000 étudiants des quatre départements, ainsi qu’au déménagement d’instruments scientifiques. Le premier défi est de concilier l’intégration permanente d’infrastructures liées à de nouvelles subventions des chercheurs et au renouvellement du parc d’équipements scientifiques, avec les impératifs de la gestion du projet de construction du Complexe des sciences (échéances, budget et relations contractuelles avec les parties prenantes, etc.) et, bien entendu, l’accompagnement du personnel lors du transfert des activités. Un nouveau pavillon est aussi l’occasion unique de repenser nos processus et outils de recherche avec, entre autres, une meilleure mise en commun des ressources. De plus, la certification LEED et plusieurs nouvelles normes imposent un changement des processus et des cultures quant à l’acquisition, le stockage, la manipulation et le recyclage des gaz et des produits dangereux.

Un deuxième type d’enjeux concerne l’opérationnalisation du nouveau Complexe des sciences. La situation est inédite : quatre départements de grande taille partageront un nouvel espace dans un campus distinct de celui de la montagne. Ceci soulève des questions d’accessibilité aux services centraux dédiés à l’enseignement et à la recherche, de gestion des ressources partagées (salles de cours et locaux, équipements administratifs, plateformes de recherche, etc.), de fonctionnement des services communs (gestion de l’affichage, courrier, etc.) et d‘entretien des espaces communs (laboratoires d’enseignement et autres locaux).

Un troisième défi important est de parvenir à organiser la vie sur et autour du nouveau campus, d’offrir des services pour les différents acteurs du site (étudiants, personnel de soutien et d’administration, professeurs), et aussi au voisinage.

À cet effet, le Complexe des sciences favorise l’émergence de nouvelles cultures de collaborations et d’échanges : quatre départements occuperont un espace administratif commun pour faciliter la coordination; les étudiants partageront plusieurs espaces (salles de travail et de détente), sur place ou à proximité (cafés étudiants et locaux associatifs). Les associations étudiantes des quatre unités travaillent déjà ensemble au sein de l’Union MIL, Pour la recherche, des regroupements physiques (par exemple, plateforme de recherche sur les contaminants émergents) ou thématiques (par exemple, secteur de l’énergie) sont prévus.

Ces nouvelles collaborations ne se substituent pas aux collaborations existantes, mais le déplacement des quatre départements implique une réflexion sur le maintien et la création de collaborations panfacultaires et interfacultaires. Concernant l’enseignement, les programmes multidisciplinaires et l’offre des cours au choix font l’objet d’une réflexion toute particulière. 

Le projet du Pavillon en sciences formelles et computationnelles

Le Complexe des sciences est en voie d’être réalisé dans les temps et dans les budgets prévus, mais nos autres besoins en espaces et en infrastructures liés à l’enseignement et à la recherche restent importants pour l’ensemble de la Faculté. L’ouverture du campus MIL nous permet d’envisager dès maintenant les phases de la réorganisation de nos espaces sur le campus de la montagne.

Lors de la planification initiale, le Campus MIL comprenait d’autres projets (par exemple un Institut en nouveaux matériaux ainsi qu’un nouveau pavillon pour les départements d’informatique et de recherche opérationnelle, et de mathématiques et de statistique). Les projets liés au développement fulgurant de l’intelligence artificielle ainsi que l’essor des départements mentionnés et d’autres centres affiliés (comme le Centre interuniversitaire de recherche sur les réseaux d’entreprise, la logistique et le transport [CIRRELT], le Centre de recherches mathématiques [CRM] et l’Institut des algorithmes d’apprentissage de Montréal [MILA]) offrent la possibilité d’actualiser ce dossier : le rôle grandissant des sciences des données dans la prise de décision rappelle l’importance des sciences qui la rendent possible, dont les mathématiques, la statistique, l’actuariat, l’informatique et la recherche opérationnelle.

Par ailleurs, les besoins croissants en capacité de calcul et l’émergence de nouveaux domaines rappellent l’urgence d’un nouveau pavillon offrant des infrastructures d’études et de recherches actuelles. À titre d’exemples, les champs du design et de la fabrication numériques, de la robotique et des véhicules autonomes, ainsi que des mathématiques financières requièrent de nouvelles formes d’espaces et d’infrastructures qui n’étaient pas envisageables avant, et ce, pour l’enseignement comme pour la recherche.

La perspective du regroupement de tous nos départements de sciences naturelles et formelles sur un même campus facilite la mise en place de collaborations intensives en recherche et en enseignement, par exemple sur le thème de l’énergie et du transport, sur l’environnement ou en sciences des données, qui sont amenées à accélérer le rythme des avancées scientifiques et à démultiplier leurs retombées, sociales comme économiques.

La transformation du campus de la montagne

Le transfert des activités des quatre départements de sciences naturelles au nouveau Complexe des sciences, en 2019, et la réalisation à moyen terme du deuxième pavillon nous permettront de répondre aux besoins urgents de plusieurs départements du campus de la montagne de disposer de nouveaux espaces mieux adaptés à leurs réalités scientifiques et pédagogiques. C’est aussi l’occasion pour la direction facultaire et les départements de dynamiser les liens avec d’autres sites pertinents de l’Université de Montréal, comme le campus de Laval, où la présence facultaire est significative, et le campus de Longueuil, où les besoins en formation augmentent.

Au cours des dix prochaines années, les lieux laissés vacants sur la montagne permettront de bonifier les espaces pour une majorité des unités de notre faculté, avec des effets conséquents en matière de collaborations. Plusieurs besoins de longue date, notamment d’espaces pour les étudiants des 2e et 3e cycles en lettres, sciences humaines et sciences sociales, seront examinés en considération de la réorganisation spatiale de notre faculté, en gardant à l’esprit le besoin de dynamiser les collaborations disciplinaires et interdisciplinaires.

En bref
La création du campus MIL exige beaucoup d’attention. Elle ouvre des possibilités de réaffectation d’espaces multiples. Parallèlement, notre faculté devra soutenir l’émergence de nouvelles collaborations, tout en œuvrant au maintien et au développement des collaborations existantes.

4- L’ÉVOLUTION DE L’ACCOMPAGNEMENT DES ÉTUDIANTS ET DES MEMBRES DU PERSONNEL

L’importance des questions de santé et de bien-être est connue de tous. Le milieu d’études, de travail et de vie que la Faculté offre à tous se doit d’être sain et respectueux; il s’agit là d’une évidence pour tous les membres de notre communauté. L’enjeu est à la fois moral, au regard de nos responsabilités collectives et individuelles envers autrui, et stratégique, pour permettre aux personnes les plus talentueuses de rejoindre notre communauté facultaire et de s’y développer. Notre milieu d’études et de travail doit être le plus inclusif et le plus favorable possible à l’épanouissement intellectuel.

Comme nous le soulignons dans l’enjeu 1-Le changement de la réalité étudiante, la réalité étudiante évolue. La prise de conscience de cette transformation nous conduit à repenser notre soutien aux étudiants, qu’il s’agisse de leur bien-être ou de la prise en considération de la plus grande diversité de leurs parcours.

Par ailleurs, offrir un milieu plus accueillant et respectueux de toutes les formes de diversité est un gage d’attractivité et d’épanouissement personnel pour tous les membres de la communauté. Professeurs et chargés de cours sont les relais de notre engagement académique; tous jouent, sans distinction, un rôle essentiel à la vitalité et à la qualité de nos programmes.

La professionnalisation et la complexification des activités relatives à l’enseignement et à la recherche ont permis à la Faculté de se doter de nouvelles expertises, avec l’arrivée d’employés couvrant des aspects spécifiques nécessaires à la mission d’enseignement et de recherche, comme au soutien de celle-ci. L’épanouissement de toutes ces personnes est conditionnel à celui de nos étudiants.

Notre exigence d’excellence concerne l’ensemble des employés de la Faculté : techniciens en administration, en gestion des dossiers étudiants et en coordination du travail de bureau, conseillers, chargés de cours, professeurs, adjoints, directeurs et toutes nos autres catégories de personnel. Or, la vitalité actuelle de l’économie du Québec engendre une situation de presque plein emploi dans plusieurs secteurs. Cette vitalité intensifie la compétition pour recruter et retenir les meilleurs talents.

Les attentes dépassent les enjeux démographiques et économiques; elles reflètent aussi une évolution culturelle et le rapport au travail. Par exemple, les jeunes travailleurs issus de la génération Y choisissent leur employeur pour ce qu’il offre immédiatement et non pour les avantages à venir. Par ailleurs, ils valorisent et priorisent davantage l’épanouissement au travail que les générations antérieures. C’est ce qui explique en partie la grande mobilité de cette génération. Ceci a un impact sur le recrutement et la rétention des employés, pour l’ensemble des catégories d’emploi. Nous devons nous préparer à un roulement élevé de personnel, au cours des prochaines années, ainsi qu’à des attentes accrues des employés envers des formations ou d’autres types d’activités. Nous devons faire en sorte que la Faculté soit pour tous un milieu privilégié d’emploi.

 

En bref
Favoriser l’épanouissement de nos étudiants passe par notre contribution à l’épanouissement de l’ensemble des membres de notre communauté, qu’ils soient professeurs, chargés de cours, étudiants, membres du personnel de soutien et d’administration ou cadres. Une réponse facultaire adéquate à cette question correspond à nos valeurs, mais rejoint également nos besoins de recrutement et de rétention des plus talentueux.

5- LA TRANSFORMATION SOCIALE LIÉE À L’ADOPTION MASSIVE DU NUMÉRIQUE ET DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

L’adoption massive de technologies numériques et de l’intelligence artificielle est indéniablement prédictive de plusieurs changements sociaux, positifs comme négatifs, que les universités doivent comprendre, accompagner et influencer. La robotisation et la mondialisation ont éliminé nombre d’emplois manufacturiers, mais l’automatisation, l’intégration massive du numérique et l’intelligence artificielle transformeront à leur tour profondément plusieurs emplois professionnels dont les qualifications découlent de formations universitaires.

Il nous revient, comme institution de recherche, de prévoir ces évolutions pour permettre l’intégration la plus positive de ces nouvelles technologies, notamment sur le plan social. Positionner l’université est d’autant plus impératif que le développement accéléré des dispositifs numériques a encouragé plusieurs entreprises (en technologies de l’information, dans les secteurs bancaire et des ressources humaines, pour ne citer que quelques exemples) à se doter de missions de formation, voire à créer des certifications non-académiques dans des champs d’expertise où plusieurs unités de notre faculté excellent. Historiquement, les inscriptions universitaires sont contre-cycliques : en contexte récessif, plus d’étudiants s’inscrivent à l’université. À l’inverse, en période de croissance économique, les inscriptions à l’université diminuent. Or, la précarisation croissante de l’emploi et l’accroissement des inégalités, jumelées à la transformation imprévisible du travail liée au numérique, rendront encore plus délicate la prise de décision conduisant à s’engager dans une formation universitaire.

Notre faculté est un lieu pertinent de réflexion et d’action sur l’ensemble de ces enjeux. Plusieurs des avancées technologiques dont il est ici question, la compréhension des effets des transformations induites par celles-ci et l’analyse de modèles sociaux alternatifs à explorer sont développées au sein de notre faculté. De manière plus globale, la Faculté des arts et des sciences est en mesure d’offrir à tous les étudiants inscrits à l’Université de Montréal une éducation plus humaniste : nos formations dites fondamentales nourrissent les désirs de découvertes, de créativité, de compréhension du monde et d’inventions.

Nos formations professionnalisantes visent l’amélioration de la condition humaine. Par ailleurs, le plein développement du potentiel humain requiert souvent d’être exposé à une plus grande diversité d’expériences. Notre faculté s’est constituée pour permettre de dépasser la surspécialisation et offrir plutôt une diversité et une hybridation des parcours, ce que nous avons accompli depuis notre création. Nous devons poursuivre notre réflexion pour faciliter une plus grande diversité de cheminements académiques. Dans un contexte où les êtres humains se sentiront souvent dépassés, notre faculté met à leur disposition des moyens pour penser les contraintes qui les enserrent.

 

En bref
Face à la transformation sociale liée à l’adoption massive du numérique et de l’intelligence artificielle, nous devons nous atteler à offrir et à mettre en valeur les formations puis à développer les recherches permettant de pleinement réaliser le potentiel humain. Nous rappelons ainsi que nos étudiants, nos enseignants, nos chercheurs et nos idées sont incontournables.