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Des plongeurs de la côte-nord et des archéologues de l'UdeM auraient localisé une épave vieille de 300 ans

L’équipe d’archéologues et de plongeurs en train de documenter la présumée épave du Sainte-Anne à l’été 2015. Photo : Mathieu Mercier Gingras.

Forts du succès qu’a connu la première édition du projet d’archéologie maritime visant à localiser et documenter des épaves de navires ayant sombré dans le fleuve Saint-Laurent à la hauteur de la Côte-Nord au cours des derniers siècles, l’Université de Montréal et l’organisme Archéo-Mamu Côte-Nord entreprennent la seconde phase du projet avec un ambitieux programme : déterminer si l’une des épaves étudiée l’été dernier par l’équipe de recherche est bien celle du navire marchand Sainte-Anne, qui a coulé dans les eaux de la Nouvelle-France en 1704.

En collaboration avec Archéo-Mamu Côte-Nord, organisme œuvrant à la conservation et à la mise en valeur du patrimoine archéologique de la Côte-Nord, deux étudiants des cycles supérieurs et chercheurs en archéologie de l’Université de Montréal, Vincent Delmas et Mathieu Mercier Gingras, qui encadrent une équipe de plongeurs récréatifs du Groupe de préservation des vestiges subaquatiques de Manicouagan, dirigent le Projet de documentation d’épaves historiques. Le projet est coordonné par le professeur Brad Loewen, l’un des rares experts québécois en archéologie maritime et sous-marine, et François Guindon, directeur d’Archéo-Mamu. Cette année, l’exploration des épaves se fera pendant la Semaine du Saint-Laurent, qui invite tous les Québécois à plonger à la (re)découverte du majestueux cours d’eau!

«L’été dernier, au cours de nos plongées, nous avons visité une quinzaine d’épaves. L’une d’elles a retenu l’attention de l’équipe, soit l’épave du présumé Sainte-Anne, qui aurait fait naufrage à la pointe Paradis, qui fait aujourd’hui partie de la municipalité de Pointe-Lebel», raconte Mathieu Mercier Gingras, étudiant à la maîtrise en archéologie à l’UdeM et archéologue adjoint. Le navire s’est échoué sur la dangereuse batture de Manicouagan en 1704, alors qu’il transportait une cargaison de fourrure. Au moment du naufrage, le capitaine Jean Paradis dirigeait le Sainte-Anne vers les Antilles avant de retourner en France. Le Saint-Anne servait au commerce triangulaire entre la France et ses colonies.

«Nous avons cependant besoin d’obtenir plus de preuves quant à l’identité de l’épave, car plusieurs autres naufrages sont survenus dans le même secteur et il est possible que le navire en question ne soit pas le Sainte-Anne, poursuit M. Mercier Gingras. C’est pourquoi nous allons procéder cette année à ce qu’on appelle dans le jargon des archéologues une “analyse dendrochronologique” sur les pièces de la coque. Cela consiste à prélever des échantillons de bois sur l’épave et à les comparer à une base de données pour obtenir une datation à l’année près. En étudiant les anneaux de croissance du bois, nous pourrons connaître la date d’abattage des arbres et le lieu d’où ils proviennent en Europe.»

L’analyse permettra à l’équipe de recherche de déterminer s’il s’agit bien du Sainte-Anne de Larochelle, en France, ou s’il s’agit d’un autre navire à identifier. «Quoi qu’il en soit, il s’agit d’une épave ancienne exceptionnelle; l’état de conservation du bois indique qu’elle a été, pendant les trois derniers siècles, enfouie dans le sable qui l’a protégée contre les dommages des tempêtes et des glaces en hiver», précise Mathieu Mercier Gingras.

Quand la mer protège la Nouvelle-France de la conquête anglaise

«Outre les épaves visitées pendant la première phase du projet l’été dernier, nous avons été impressionnés par la somme de connaissances du milieu local par rapport à des épaves encore inconnues des scientifiques», souligne Vincent Delmas, étudiant au doctorat et archéologue chargé du projet. Un groupe de ces épaves présente une importance historique et patrimoniale particulière, soit les épaves de la flotte britannique de l’amiral Walker, venu envahir Québec en 1711. Les stratèges de l’expédition guerrière la prévoyaient victorieuse, mais c’était sans compter sur un temps très mauvais et une visibilité presque nulle. Une partie de la flotte fut éventrée sur les récifs de l’île aux Œufs, incitant Walker à rebrousser chemin et sauvant la Nouvelle-France – temporairement ‒ de l’envahisseur.

«Seulement trois épaves sont pour l’instant connues, mais les informations partagées par les plongeurs nous laissent croire qu’il pourrait y en avoir au moins trois autres, ajoute Vincent Delmas. Nous allons donc retourner cette année aux environs de Baie-Trinité et de la Pointe-aux-Anglais pour documenter ces épaves dans le cadre de la deuxième phase du projet.» À noter que deux étudiantes stagiaires de l’UdeM, Justine Rioux et Carolane Veilleux, se joignent cette année à l’équipe afin de se familiariser avec la recherche terrain en archéologie maritime.

Un projet qui suscite l’enthousiasme

«La première phase du projet à l’été 2015 a connu un grand succès et a bien été accueillie autant par la communauté archéologique que par la population de la Côte-Nord, se réjouit François Guindon, directeur d’Archéo-Mamu. De nombreux médias provinciaux et régionaux ont relayé nos efforts auprès du public et notre page Facebook, Archéo Côte-Nord, a connu une hausse de plusieurs dizaines de milliers de visiteurs pendant la période! Cela nous encourage à poursuivre notre mission, soit la conservation et la mise en valeur du patrimoine archéologique subaquatique de la Côte-Nord, en plus de sensibiliser le public à l’existence et la fragilité de cette ressource en région», conclut-il.

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