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Il fait danser la science

Qui suis-je? Voilà la question que le directeur du Laboratoire d’écologie moléculaire et d’évolution de l’Université de Montréal, François-Joseph Lapointe, se posait relativement à son projet de «bioart» consistant à échanger un millier de poignées de main avec des passants à différents endroits de Montréal durant une nuit entière, en mars 2015.

«À chaque instant de ma vie, mon identité se modifie en fonction des millions de microorganismes qui entrent et sortent de mon corps», déclare-t-il.

Le professeur Lapointe se décrit comme un «artscientifique» de façon à bien marquer sa double affiliation d’homme de science et d’artiste. Il n’en est pas à ses premières manifestations publiques. À Montréal, Lyon et Mexico, il a dansé son ADN selon une chorégraphie reprenant des éléments de la double hélice – chaque nucléotide correspondant à un pas. C’était au cours de son doctorat en études et pratiques des arts fait à l’UQAM en 2012. Doté d’une grâce et d’une souplesse félines, le danseur attirait les regards admiratifs… et soulevait bien des questions.

Dans le milieu du spectacle comme dans celui de la recherche universitaire, le biologiste est encore une curiosité. Mais il pourrait préfigurer l’universitaire de demain. En principe, les artistes et les chercheurs suivent des chemins diamétralement opposés : la science cherche à expliquer la nature de façon objective, avec des faits ; l’art s’appuie sur une démarche personnelle et subjective. Dans la réalité, un rapprochement s’opère jusque dans les laboratoires où tintent béchers et éprouvettes.

Le projet de «bioart» de François-Joseph Lapointe : échanger un millier de poignées de main avec des passants à différents endroits de Montréal durant une nuit entière.

Le projet de «bioart» de François-Joseph Lapointe : échanger un millier de poignées de main avec des passants à différents endroits de Montréal durant une nuit entière.

Dans un article de 2013 intitulé «Artistic Merit», où il était question des travaux du biologiste-danseur, la revueNature évoquait la convergence interdisciplinaire (hybrid art-science) comme une «nouvelle Renaissance». «La collaboration artistique semble prospérer en particulier dans les nouvelles aires d’exploration scientifique comme la biologie synthétique, les nanotechnologies, la robotique et les neurosciences», écrivait la reportrice Virginia Gewin.

«François-Joseph Lapointe incarne bien la diversité des formes que peut prendre la recherche-création chez nous», commente Benoît Melançon, directeur du Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal et membre du comité chargé de conseiller le recteur sur ces questions. On associe naturellement son département et la Faculté de musique, notamment, à la production artistique ou littéraire, sous ses différentes formes. Mais d’autres unités sont engagées dans cette voie, dont la Faculté de l’aménagement et la Faculté des arts et des sciences.

Près de cinq siècles après Léonard de Vinci, les arts et la science convergent de nouveau vers des objectifs communs. Les organismes de financement appuient cette philosophie. Le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada offre des subventions pouvant atteindre 100 000 $ sur deux ans à des chercheurs qui empruntent l’axe de la création artistique. L’organisme fédéral insiste sur l’expression artistique des candidats mais aussi sur leurs capacités d’analyse scientifique et leurs projets d’expérimentation.

 

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