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Doctorat Honoris Causa 2010

Roman Jackiw - Physicien

Le modèle prévalent des forces fondamentales de la nature repose sur la théorie quantique des champs et a, pour l’essentiel, été développé de la fin des années 60 au début des années 80. Le physicien Roman Jackiw a été, en particulier, un acteur clé dans ces développements théoriques et l’Université de Montréal est honorée de lui décerner aujourd’hui un doctorat honoris causa en reconnaissance de ses contributions déterminantes.

Roman Jackiw occupe la chaire Jerrold Zacharias au Département de physique du MIT où il est professeur depuis 1969. Préalablement, il a été Junior Fellow à l’Université Harvard après avoir obtenu en 1966 son Ph.D. de l’Université Cornell sous la supervision de Hans Bethe et de Kenneth Wilson, deux récipiendaires du prix Nobel.

Le professeur Jackiw a reçu de nombreux honneurs au cours de sa carrière: il a été Alfred P. Sloan Research Fellow et John Simon Guggenheim Fellow, il a reçu le prix Dannie Heineman de physique mathématique de la American Physical Society, la médaille Dirac et différents doctorats honorifiques; il est membre enfin de plusieurs sociétés savantes dont la National Academy of Sciences.

Roman Jackiw est l’un des plus grands spécialistes de la théorie quantique des champs. Il a découvert et élaboré plusieurs des volets parmi les plus sophistiqués de ces théories. Il a ouvert de nombreux champs de recherche majeurs et ses résultats ont eu un impact profond sur la physique des particules, celle de la matière condensée et de la gravitation.

On ne peut parler de ses travaux sans mentionner la célèbre anomalie de Adler, Bell et Jackiw. Ce résultat tout à fait fondamental a mis en lumière le fait que certaines symétries de théories de champs classiques ne peuvent être préservées quand leur quantification est effectuée. Cette observation subtile qui a tout d’abord servi à expliquer la désintégration du pion neutre, est devenue centrale dans l’analyse de tous les modèles théoriques. Elle a par exemple permis de corroborer l’existence des différentes variétés de quarks.

Les contributions de Roman Jackiw à la physique sont très étendues. Si l’on ne saurait en faire une description appropriée en quelques lignes, indiquons-en néanmoins certains grands traits. Les avatars des symétries en théorie quantique représentent, certes, un thème récurrent de ses recherches. On lui doit aussi le développement de la théorie des champs à température finie et l’examen des transitions de phase avec changements de symétries. Avec l’exploration de la physique des solitons et des instantons, il a été un des leaders dans l’élaboration de l’analyse non-perturbative en physique. Un de ses apports majeurs à la physique de la matière condensée est la découverte de l’existence de charges et de spins fractionnaires. Signalons enfin ses analyses influentes de théories en basses dimensions et la mise en évidence de liens profonds entre la topologie et différents modèles théoriques.

Roman Jackiw a aussi eu une influence considérable en tant que mentor et pédagogue. Il a écrit plusieurs livres fortement appréciés tant pour leur originalité que leur qualité d’exposition. Il a aussi dirigé brillamment plusieurs candidats au Ph.D. et plusieurs «fellows» postdoctoraux qui lui font honneur. Il a très largement contribué à faire du Center for Theoretical Physics au MIT l’un des instituts véritablement internationaux où convergent des chercheurs du monde entier.

Roman Jackiw a par ailleurs entretenu des liens suivis avec l’Université de Montréal. Il a, en particulier, accueilli au MIT plusieurs de nos diplômés. J’ai eu moi-même ce plaisir et ce privilège. Il a aussi été un visiteur et un conférencier régulier de notre centre de recherches mathématiques et y a été titulaire de la chaire Aisenstadt.

Pour ses contributions exceptionnelles au développement de la physique théorique, pour son œuvre des plus appréciables de pédagogue et pour sa collaboration avec l’Université de Montréal, le conseil de l’Université a résolu de lui décerner un doctorat honoris causa, ce dont nous nous réjouissons.

Hommage rendu lors de la Collation des grades de premier et deuxième cycles de la Faculté des arts et des sciences - cérémonie du 17 juin en soirée.