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Doctorats honoris causa 2017

Francine Lelièvre

Francine Lelièvre

Texte hommage prononcé par monsieur Frédéric Bouchard, doyen de la Faculté des arts et des sciences, lors de la cérémonie du 4 novembre 2017 à 11 h.

Francine Lelièvre a contribué de manière exceptionnelle à la conservation du patrimoine québécois et canadien, ainsi qu’à la muséologie au Québec.

Née à Sainte-Thérèse-de-Gaspé, Francine Lelièvre est diplômée de l’Université de Montréal en histoire et en pédagogie. Après des études de maîtrise en histoire à l’Université Laval, elle amorce sa carrière en 1973 à Parcs Canada au nouveau parc national Forillon, en Gaspésie. En 1978, elle devient gestionnaire de projet et dirige la mise en valeur de nombreux lieux historiques. En 1982, elle est nommée chef des services d’interprétation et de mise en valeur du patrimoine, comprenant 33 parcs et lieux historiques du Québec.

En 1986, elle se joint au Musée de la civilisation comme directrice des expositions et, l’année suivante, elle fonde sa propre firme de consultation pour la programmation et la construction d’institutions muséales et culturelles, tant au Québec qu’en Europe.

En 1989, elle se voit confier le plus important mandat de sa carrière, celui de concevoir et d’implanter un nouveau musée consacré à l’histoire et à l’archéologie sur le lieu historique de fondation de Montréal. Ce projet s’inscrit dans la célébration du 350e anniversaire de Montréal. Fondatrice, conceptrice et directrice du projet Pointe-à-Callière, musée d’archéologie et d’histoire de Montréal, elle en devient en 1992 la directrice générale, poste qu’elle occupe toujours.

Pointe-à-Callière est un établissement qui, grâce à Francine Lelièvre, a acquis un statut d’envergure nationale et internationale. En plus de présenter et de mettre en valeur le patrimoine québécois, Francine Lelièvre contribue au développement de la vision de Montréal comme métropole culturelle, et au rayonnement du Québec à l’étranger.

Sa priorité a été la reconnaissance internationale de Pointe-à-Callière comme site archéologique et historique. Francine Lelièvre s’est attachée à tisser des liens avec les néo-Québécois et à présenter aux Québécois les grandes civilisations du monde, en obtenant et en exposant des pièces exceptionnelles du patrimoine de l’humanité conservées dans les plus grands musées.

En tant que gestionnaire, Francine Lelièvre possède la précieuse capacité d’anticipation ; elle a une vision de ce vers quoi doit se diriger l’établissement pour croître et occuper pleinement la place qui lui revient sur le grand échiquier culturel national et international.

Aujourd’hui, plus de vingt ans après son ouverture, Pointe-à-Callière est accrédité dans les plus grands musées, comme le Louvre, le British Museum, le Vatican, le Musée de Jérusalem, le Musée national du Japon, le Musée Templo Mayor et le Musée des arts asiatiques Guimet. Elle a fait de l'institution un modèle d'exception dans ses champs d’intervention principalement en archéologie, mais aussi en histoire, éducation, muséologie, nouvelles technologies et autres.

De par sa vision et son travail, elle léguera à Montréal une institution unique qui, depuis son ouverture, a vu son nombre de visiteurs passer de 150 000 à 400 000 par an et son Fonds de dotation atteindre 10 millions de dollars.

Francine Lelièvre est également considérée comme une pionnière dans l’utilisation des nouvelles technologies pour mieux présenter aux visiteurs des contenus historiques et archéologiques et transmettre le passé par des moyens de communication d’avant-garde. Elle a aussi dirigé les recherches qui ont permis de trouver et d’implanter des méthodes novatrices de conservation afin de préserver les vestiges du premier cimetière catholique de Montréal (1643-1654) et ceux de la crypte archéologique, qui ont valu à l’équipe de Pointe-à-Callière deux prix internationaux prestigieux.

Francine Lelièvre est, en outre, à l’origine de la création de l’École de fouilles archéologiques de Pointe-à-Callière, en partenariat avec l’Université de Montréal, afin de développer l’archéologie historique et urbaine. Elle est également responsable de la création du Regroupement des musées d’histoire de Montréal et a présidé la Société des directeurs des musées montréalais pendant cinq ans. Elle a également assumé les fonctions de trésorière du Comité international des musées (ICOM) sur l’éducation.

Membre de nombreux conseils d’administration, elle a aussi occupé avec succès de nombreuses fonctions au sein de comités internationaux importants, prononcé une cinquantaine de conférences internationales et publié de nombreux articles. Fait exceptionnel, elle a été par deux fois l’invitée de marque du Musée du Louvre dans le cadre de ses grandes conférences.

Au fil des ans, Francine Lelièvre s’est vue décerner de nombreux prix et distinctions, dont le Prix du Lieutenant-gouverneur de la Fondation Héritage Canada et le Prix Carrière de la Société des musées québécois en 2013, le Prix du service méritoire de l’Association des musées canadiens et le Prix Femme de mérite – Catégorie Arts et Culture du Y des femmes en 2014, ainsi que le Prix du gestionnaire culturel de la Chaire de gestion des arts Carmelle et Rémi-Marcoux de HEC Montréal en 2015. Elle est Chevalière de l’ordre national du Québec, Chevalière de l’Ordre national du Mérite de France et membre de l’Ordre du Canada.

Ambassadrice infatigable de sa ville d’adoption, madame Lelièvre a orienté la programmation de Pointe-à-Callière sur le site même du musée et sur la ville de Montréal. Ce faisant, les montréalais se sont appropriés l’archéologie de leur ville. Ce lieu identitaire, construit à partir du carrefour autochtone, via la cité utopique française et l’industrialisation du Régime britannique, est l’héritier direct de ce passé. Ainsi, madame Lelièvre n’a pas hésité à lancer des expositions sur l’archéologie du passé récent et a favorisé une muséologie dynamique et interactive, et l’élaboration d’une idée citoyenne de l’archéologie, entre autres, par le projet de modélisation 3D des collections publiques. Ce rapport sans cesse renouvelé entre l’archéologie et le public justifie pleinement les honneurs d’aujourd’hui.

Francine Lelièvre est l’une des grandes ambassadrices culturelles de notre époque. En lui conférant un doctorat honoris causa, l’Université de Montréal tient à souligner son parcours exemplaire et le positionnement unique qu’elle a donné à un musée historique et archéologique, et ce, à l’échelle internationale. En créant ce nouveau pôle muséal, elle a préservé pour les prochaines générations un site unique de notre patrimoine, tout en y attirant des publics jeunes et issus des communautés culturelles par des présentations audacieuses.

En tenant des expositions sur les différents quartiers de Montréal et en accueillant de grandes expositions internationales, elle a fait le pont entre la culture citoyenne et le rayonnement de la métropole culturelle. Enfin, elle a réussi à faire aimer l’archéologie, un domaine resté jusqu’ici méconnu par un grand nombre de Québécois. C’est avec fierté que le Département d’anthropologie et la Faculté des arts et des sciences s’associent à la remise de ce doctorat honoris causa à Francine Lelièvre.