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Raed Hammoud

Maîtrise en science politique (2010)

Crédit photo : Pierre-Yves Robert
Raed Hammoud

Les mille et une vies de Raed Hammoud

Après un été passé aux commandes de l’émission Ce soir ou jamais à la première chaîne de Radio-Canada, Raed Hammoud s’est envolé cet automne pour le continent africain, où il rencontra la jeunesse urbaine pour sa nouvelle série documentaire, Demain l’Afrique, produite par TV5. Ce ne sont là que quelques épisodes de la vie trépidante de ce jeune homme originaire du Liban ayant grandi au Niger. Diplômé d’une maîtrise en science politique de l’Université de Montréal (UdeM) et tombé un peu par hasard dans l’univers des médias, Raed Hammoud s’est entretenu avec le Réseau des diplômés et des donateurs.

« Je voulais travailler dans le développement et entrer dans une organisation internationale. C’est pour ça que j’ai d’abord complété un baccalauréat en études internationales, raconte-t-il. En 2006, je devais faire un stage au sud-Liban dans les camps palestiniens, mais la guerre israélo-palestinienne a repris et le stage a dû être annulé. »

Cette annulation de dernière minute lui fera emprunter un chemin complètement différent. À l’époque, Radio-Canada est à la recherche d’un stagiaire. Il postule, décroche le stage et n’a depuis jamais vraiment quitté le média public. Lors du Printemps arabe, sa connaissance du continent africain et de l’arabe sont mises à profit. Il travaille également cinq ans comme recherchiste à la matinale de René Homier-Roy, C’est bien meilleur le matin, signe quelques chroniques, avant qu’on ne lui donne la barre de Le Monde est à nous, émission centrée sur la musique d’ailleurs sur Ici Musique, puis de Ce soir ou jamais, qui lui a permis de faire découvrir de nouveaux talents.

Amener des perspectives différentes

Malgré un programme bien rempli, il prend le temps de composer des chansons et de se produire sous le nom de scène Sael. Il est également à l’origine de plusieurs documentaires, dont T’es où Youssef – dans lequel il tente de comprendre comment il se peut que Youssef, son ami de cégep, soit parti rejoindre Daech en Syrie – et plus récemment, la série Immigrants de souche, filmée durant la pandémie et dans laquelle il met en vedette des immigrants qui ont pris la décision d’aller s’établir loin des grands centres urbains. Ce projet le mène partout au Québec, de Lebel-sur-Quévillon à Percé, en passant par Piopolis ou encore Carleton-sur-Mer.

« Dans tous mes projets, j’essaie d’amener des perspectives différentes aux gens, explique-t-il. Avec Immigrants de souche, je voulais montrer les immigrants sous un angle différent de celui de l’économie ou de la sécurité, sous un angle plus humain. Demain l’Afrique, ce sera pour montrer qu’il n’y a pas que des guerres et des safaris en Afrique, que les jeunes bougent, et que le web est en train de tout changer. J’essaie de faire évoluer les mentalités. »

Des mentalités qui changent petit à petit, selon lui, et le fait qu’il puisse être à la barre d’une émission à Radio-Canada le démontre. Mais il faudrait plus de contenus comme ceux-là, croit-il. Il souligne le succès critique reçu par Immigrants de souche, tant de la part des nationalistes, heureux de voir le Québec montré comme une société d’accueil, que des immigrants, qui l’ont remercié d’avoir été présentés autrement que comme des « quêteurs ».

« Finalement, ce sont surtout les politiciens et les médias qui jouent sur ces divisions, regrette-t-il. Je ne peux pas en vouloir à quelqu’un qui vit en région et qui entend parler de fusillades récurrentes à Montréal de penser que l’immigration, c’est un fléau. Mais en vrai, quand tu vis à Montréal, ça se passe plutôt bien. »

Esprit critique

Un esprit critique qu’il pense avoir acquis lors de son passage en science politique à l’Université de Montréal. S’il s’en souvient comme d’une période intense puisqu’en plus de ses études, il faisait de la musique et travaillait à la radio, il avoue que cette formation l’accompagne aujourd’hui encore dans beaucoup de ses projets. Il se souvient tout particulièrement de Guillermo Aureano.

« J’adorais son approche, commente-t-il. Chaque fois qu’on entrait en cours, il nous présentait une nouvelle qui avait fait le tour du monde dans les médias, et nous demandait ce qu’on en pensait. On réfléchissait sur les angles qui n’avaient pas été abordés, par exemple. C’est là que j’ai compris que tout le monde avait sa propre subjectivité, et que même en le sachant et en travaillant dessus, même en faisant des efforts d’objectivité, il y a des tendances qui ressortent. »

Des efforts d’objectivité qu’il a déployés récemment, alors qu’il s’est retrouvé sur le continent qui l’a vu grandir. Son périple l’a mené d’Abidjan au Caire, de Douala à Lagos, de Dakar à Kinshasa, qui avec ses 18 millions d’habitants est la plus grande ville francophone au monde. Nous avons très hâte de connaître la suite de ce projet.