Partout sur la planète, l’innovation fulgurante en IA transforme l’enseignement supérieur. Comment pouvons-nous, en tant que communauté universitaire, tirer profit de cette technologie tout en négociant les défis éthiques et pédagogiques qu’elle pose ? Voilà la question directrice qui guidera mon mandat.

Les agents d’IA sont là

En cette rentrée universitaire 2024-2025, le secteur de l’IA n’est pas en reste. Les services d’IA générative des grandes sociétés technologiques états-uniennes ne se limitent plus aux interfaces conversationnelles et à la génération de contenus synthétiques. Investissements inouïs, innovation constante en apprentissage automatique et expansion de l’infonuagique ont créé des plateformes d’IA qui proposent maintenant des modèles de langage (LLM : large language models) plus performants et optimisés.

Ils acquièrent, en effet, des capacités agentielles (agentic AI).

En d’autres mots, ces services d’IA ne se contentent plus d’exécuter des tâches simples « entrée → sortie ». Ils peuvent aussi décomposer et planifier, mais surtout mobiliser d’autres systèmes et outils numériques pour étendre leurs compétences : moteurs de recherche, calculateurs, bases de données, logiciels spécialisés et même d’autres systèmes IA…

Les services d’IA se transforment en assistants plus polyvalents, compétents et accessibles pour accomplir des objectifs plus complexes. Et cette transition graduelle vers l’autonomisation marquera les prochaines années.

En éducation supérieure cela signifie que les étudiantes et les étudiants disposent maintenant d’une puissance informatique inédite pour soutenir leur apprentissage, mais aussi pour confier la plupart des projets et travaux universitaires à la machine. Y compris la rédaction de mémoires et de thèses.

Dans le contexte de la rentrée universitaire, je partage donc quelques faits saillants qui méritent l’attention de toute la communauté; nous aurons amplement l’occasion de reparler des enjeux.

ChatGPT gratuit, puissant et polyvalent

Depuis le printemps 2024, OpenAI offre gratuitement son modèle GPT-4o (« omni ») sur sa plateforme et son application mobile ChatGPT. Autrefois réservé aux abonnés, GPT-4o est beaucoup plus puissant et polyvalent que la populaire version antérieure (GPT-3.5). Il s’agit d’un modèle multimodal, pouvant traiter des entrées textuelles, visuelles, vocales et certains formats vidéos. Concrètement ChatGPT peut maintenant travailler avec la plupart des fichiers et contenus. On peut aussi l’instruire ou dialoguer avec lui grâce à la reconnaissance vocale multilingue de son application mobile.

Au moment d’écrire ces lignes (12 septembre!), OpenAI vient aussi de rendre disponible un autre système, appelé o1-preview, spécialisé en raisonnement complexe (logique, mathématique, physique, etc.) Il serait capable de résoudre des problèmes scolaires ou scientifiques plus complexes en décomposant et en détaillant la démarche en étapes pour réduire la marge d’erreur. Antérieurement, le raisonnement de type « chaîne de pensées » (Chain-of-thought (CoT)) constituait une technique d’instruction de modèles qui demandait une expertise en ingénierie d’instructions (prompt engineering). Cette innovation aura une incidence certaine sur les disciplines scientifiques et techniques. Pour le moment, o1-preview ne traite que des entrées textuelles et n’est disponible qu’aux abonnés ChatGPT Plus.

Google Gemini et AI Studio (Vertex AI)

Les services d’IA générative de Google (Alphabet), en particulier les modèles de base Gemini (Pro et Flash), ont pris du galon dans les derniers mois et sont également accessibles gratuitement. Les internautes peuvent en outre utiliser de nombreux services d’IA générative sur la plateforme AI Studio (sur Google Cloud).

Les modèles de la plateforme AI Studio permettent de traiter de gros volumes de données multimodales (textes, images, codes, voix, vidéos), mais aussi d’effectuer des recherches et de citer des sources. Il est également possible de résumer et même d’analyser des vidéos de la plateforme Youtube (propriété d’Alphabet) en donnant l’hyperlien ou simplement en déposant n’importe quel fichier vidéo dans la boîte de dialogue. Il est enfin possible de faire piloter la populaire suite logicielle Google Workspace par Gemini.

Autres services performants et gratuits (disponibles au Canada)

• Il est désormais possible d’utiliser certaines fonctionnalités du populaire Microsoft Copilot gratuitement, via le moteur de recherche Microsoft Edge (ou en téléchargeant l’application Copilot). Le principal avantage de Copilot est son interaction intégrée avec la suite logicielle Office 365.
• Les internautes peuvent également faire un usage gratuit, mais limité, de l’agent conversationnel Claude de la société Anthropic – peut-être le meilleur assistant de rédaction et de programmation à l’heure actuelle.
• La jeune société Perplexity AI offre gratuitement l’accès à son moteur de recherche augmenté par l’IA générative et conversationnelle. Ce service permet de réaliser une recherche en ligne et de citer des sources pour appuyer les contenus générés.

J’espère que cette brève mise à jour des principaux services et plateformes d’IA accessibles gratuitement à la communauté universitaire vous aidera à vous y retrouver.

Dans un contexte de rapide changement technologique, je vous invite à réfléchir aux façons dont nous pouvons agir, concrètement, pour soutenir notre mission éducative. Dans mon prochain billet, je partagerai des connaissances tirées de la recherche sur les pratiques étudiantes. J’encourage vos retours et suggestions pour soutenir le mandat qui m’a été confié.

Dave Anctil

Pour communiquer directement avec moi :
Dave.Anctil@umontreal.ca

Note: Les propos de Dave Anctil vous sont offerts à titre personnel, pour susciter la réflexion. Certains outils mentionnés ne font pas l'objet d'un soutien par les TI de l'Université de Montréal.

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