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Gilles Fontaine est honoré par les physiciens du Canada

C’est le 16 juin à Ottawa que le Prix Nobel de physique 2015, Art McDonald, remettra à Gilles Fontaine la médaille de l’Association canadienne des physiciens et physiciennes «pour ses contributions exceptionnelles» à la science. «C’est un très grand honneur pour moi», a déclaré le lauréat à quelques jours de la cérémonie.

Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en astrophysique stellaire, qui en est à son troisième renouvellement, Gilles Fontaine est un spécialiste des naines blanches, ces étoiles en fin de vie qui vibrent et pulsent d’une façon spécifique. «Quand on regarde le ciel, on peut se dire que 97 % des points brillants que nous apercevons termineront leur cycle sous la forme de naines blanches», mentionne M. Fontaine. L’Association, qui regroupe 1600 professionnels, souligne que le professeur Fontaine a acquis une réputation mondiale en astrophysique stellaire. «Son leadership a donné naissance au groupe qui est incontestablement prédominant dans le monde en ce domaine», peut-on lire dans le communiqué.

C’est quand il étudiait l’astrophysique à l’Université de Rochester, aux États-Unis, que le jeune chercheur a orienté ses travaux vers les naines blanches. «Tout était à découvrir dans ce groupe d’étoiles qui en sont à leur phase finale d’évolution. Et nous avons levé le voile sur plusieurs mystères», dit-il.

Chaque étoile a sa façon de vibrer et porte ainsi sa signature; le chercheur a mis au point des modèles théoriques permettant de définir ces particularités, grâce à la collaboration de son collègue Pierre Brassard, une sommité en matière de modélisation. «C’est un travail de détective; nous réalisons des simulations et nous vérifions dans l’espace si nos calculs sont exacts. Jusqu’à maintenant, la nature a été bonne avec nous…»

Gilles Fontaine a participé à l’identification de huit familles de naines blanches, signant avec ses collaborateurs des dizaines d’articles dont une publication importante dans Nature en 2009.

Prochaine étape : les planètes

À son arrivée comme postdoctorant à l’Université de Montréal en 1973, Gilles Fontaine travaillait avec des cartes perforées, et les ordinateurs n’avaient même pas d’écran. «Nous étions pourtant à l’avant-garde technologique. Notre secteur a connu une évolution considérable grâce à l’informatique.»

Aujourd’hui, une nouvelle fenêtre s’ouvre pour les spécialistes de l’astrosismologie, qui consiste en l’étude du mouvement interne des étoiles. Avec le lancement du télescope spatial James-Webb en 2018, Gilles Fontaine pourrait être en première ligne pour découvrir des systèmes planétaires extraterrestres. «Nous savons que des débris perturbent l’orbite des étoiles que nous scrutons. C’est un indice qui laisse croire que nous pourrons observer des planètes dans leur voisinage. La poudre d’astéroïdes peut révéler la composition d’objets planétaires même à des années-lumière de distance», révèle ce membre de l’Institut de recherche sur les exoplanètes de l’UdeM.

La plus grande fierté

Pour ce quatrième de six enfants d’une famille ouvrière de Lévis, la reconnaissance de l’Association canadienne des physiciens et physiciennes revêt une importance particulière. «Je suis le premier de la rue Napoléon à avoir obtenu un diplôme universitaire, relate-t-il en riant. J’étais bon à l’école, mais, sans l’appui des frères maristes, qui m’ont donné envie d’aller plus loin, je n’aurais pas connu une carrière en science.»

Gilles Fontaine n’en est pas à ses premiers honneurs. Dès 1987, il obtenait le prix Steacy, puis en 1989 le prix Urgel-Archambault suivi de la bourse Killam en 1990 et du prix Marie-Victorin en 1999. Mais, quand on lui demande de quoi il est le plus fier, il répond sans hésiter : «Avoir formé des jeunes scientifiques devenus des étoiles dans leur domaine.» Une brève revue des doctorants passés par son laboratoire donne une idée de leur rayonnement : deux sont actuellement installés aux États-Unis, trois au Canada, deux en France, autant en Allemagne et en Belgique et un autre en République tchèque. Sur 14 docteurs, 9 mènent encore des travaux en astrophysique. «C’est ce que j’aime le plus dans mon travail : accompagner des jeunes. Ils sont comme mes enfants.»

M. Fontaine est aussi un joueur d’accordéon et un hockeyeur infatigable.

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