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Marc Le Blanc remporte le prix Léon-Gérin en sciences humaines et sociales

Marc Le Blanc. Image : Rémi Boily

À l'image de la populaire série télévisée américaine Crime Scene Investigation, le criminologue Marc Le Blanc a des effets directs sur les gens. La première a permis d'accroître de 30 % les candidatures d'étudiants en criminologie.

Le second a contribué à l'élaboration de nombreux instruments d'évaluation des problèmes d'adaptation et de délinquance chez les jeunes. Son travail a mené à la création d'un modèle distinctif au Québec en matière d'intervention auprès des jeunes judiciarisés.

Reconnu à l'échelle internationale comme un criminologue influent, le professeur émérite de l'École de psychoéducation et de l'École de criminologie de l'Université de Montréal vient de recevoir le prix Léon-Gérin, du nom du premier sociologue québécois. Il s'agit de la plus haute distinction attribuée par le gouvernement du Québec en sciences humaines et sociales. M. Le Blanc est le premier criminologue à obtenir cette récompense.

« L'influence du professeur Le Blanc sur la société québécoise s'observe par les formations données aux criminologues et aux psychoéducateurs depuis plus de 20 ans, par la relève scientifique ainsi que par l'amélioration de notre capacité collective à répondre adéquatement aux besoins des adolescents en difficulté », ont souligné les membres du jury. Dans les universités du Québec, la formation sur la délinquance consacre aujourd'hui une place privilégiée aux connaissances issues de ses travaux. En témoignent les multiples réimpressions des ouvrages Délinquances et délinquants et Traité de criminologie empirique.

« C'est un honneur, dit humblement le lauréat, d'autant plus que Léon Gérin a été un modèle pour moi. Très jeune, j'ai pris connaissance de son œuvre. Ses études empiriques sur les familles québécoises et les politiques sociales, familiales et économiques, ainsi que les recommandations qu'il en a extraites m'avaient à l'époque grandement impressionné. »

Symbiose entre le fondamental et l'appliqué

Aider directement les gens était le rêve de jeunesse de celui qui allait proposer dans les années 2000 le modèle québécois de l'intervention auprès des jeunes judiciarisés. Cette approche de la justice pour les mineurs se distingue de ce qui se fait ailleurs au Canada, aux États-Unis et en Europe. Ce modèle est le fruit d'une étude longitudinale unique au monde sur les adolescents québécois que le professeur Le Blanc a entamée en 1972 auprès de garçons et filles judiciarisés et d'un échantillon représentatif de la population.

Après avoir suivi pendant plus de 30 ans des milliers de jeunes jusqu'à l'âge adulte, dont certains sont devenus des criminels notoires, le chercheur a démontré comment la conduite délinquante évoluait avec l'âge en fonction de différents paramètres, dont la précocité des comportements antisociaux, l'aggravation des délits et le désistement (ou processus d'arrêt) des comportements criminels et antisociaux.

Les travaux de ce précurseur de la perspective développementale ont permis d'élargir les horizons théoriques de la discipline en intégrant les facteurs psychologiques individuels aux facteurs micro- et macrosociaux. Son approche est désormais dominante en criminologie.

Le criminologue a aussi marqué sa profession en apportant une riche contribution à la recherche appliquée, qui regroupe tant la recherche évaluative et la recherche-développement que la mise au point d'instruments d'évaluation. Par exemple, les mesures de l'adaptation sociale et psychologique pour les adolescents québécois, l'inventaire des habiletés sociales chez cette clientèle et les mesures pour évaluer la qualité de l'intervention auprès d'un groupe d'enfants ou d'adolescents québécois sont des outils dont se servent chaque jour les cliniciens qui travaillent au sein des organismes offrant des services d'intervention aux jeunes en difficulté.

Travaillant en recherche et en développement, Marc Le Blanc a aussi conçu, avec des collègues, un modèle d'intervention novateur qui propose des interventions différentes pour des types distincts d'adolescents en difficulté. Il a joué un rôle déterminant dans l'essor du centre de réadaptation de Boscoville, un établissement qui deviendra rapidement une ressource importante pour le traitement des jeunes délinquants.

« La criminologie est une science au carrefour de plusieurs disciplines, mais surtout une science appliquée qui doit se préoccuper des politiques et des pratiques concernant le phénomène criminel. C'est la prémisse qui a guidé l'ensemble de mes activités », confie-t-il.

Un conseiller recherché

Marc Le Blanc a amorcé sa carrière universitaire en 1969 à l'École de criminologie de l'Université de Montréal, où il a fait son baccalauréat, sa maîtrise et son doctorat. Il intègre en 1987 le corps professoral de l'École de psychoéducation de l'UdeM, où il travaillera jusqu'en 2004. Il y formera toute une génération de criminologues et de psychoéducateurs.

Fondateur du Groupe de recherche sur l'inadaptation juvénile, M. Le Blanc a coordonné les activités d'unités de recherche qui ont éclairé de manière originale la criminalité des enfants et adolescents au Québec et ailleurs dans le monde : le Centre international de criminologie comparée, le Groupe de recherche sur les adolescents en difficulté, le Groupe de recherche sur l'inadaptation psychosociale chez l'enfant.

Le professeur Le Blanc est consulté par divers organismes et ministères fédéraux et provinciaux à propos des lois, politiques, pratiques et programmes relatifs aux délinquants. Ce rôle de conseiller, il l'a également joué auprès d'instances gouvernementales à l'étranger. Son rayonnement international se traduit par une quantité impressionnante de publications et de nombreux prix et distinctions, dont le prix Sellin-Glueck, décerné en 2012 par la Société américaine de criminologie, pour une contribution internationale exceptionnelle à son domaine.

Dominique Nancy

Les Prix du Québec

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