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Melançon passe la puck!

Au fond, le sport national des Québécois n'est pas tant le hockey que de « parler hockey », selon le journaliste Jean Dion, qui signe la préface du dernier livre de Benoît Melançon, Langue de puck, paru chez Del Busso éditeur.

Un abécédaire qui couvre les régionalismes de la presse sportive, d'« agitateur » à « Zamboni ».

L'éminent dix-huitiémiste, qui dirige le Département des littératures de langue française de l'Université de Montréal (et qui s'intéresse aux mots du sport comme éléments de la culture), troque ici Denis Diderot contre Roch Carrier et propose, sans condescendance, un répertoire des plus belles fleurs de notre langue vernaculaire. « Armée », « bagarreur », « coupe », « douteux », « équipement », « fantôme »... une cinquantaine de mots ont droit à un article qui, le plus souvent, expose plutôt qu'explicite l'incongruité. Exemple : « liquide ». Tout ce qui va bien, sur la glace, relève de cet état de la matière : le coup de patin est fluide; votre adversaire est débordé; il prend une tasse de café...

La genèse de ce livre? Benoît Melançon s'est pris au jeu de noter pour son blogue L'oreille tendue les expressions les plus amusantes, colorées ou loufoques prononcées durant les séries éliminatoires de 2013. Cette récolte a servi de base à Langue de puck.

Depuis la rédaction de sa biographie de Maurice Richard (Éditions Fides, 2006), il a accumulé d'innombrables sources d'information sur le vocabulaire sportif, tant dans les médias que dans la chanson populaire ou la littérature. Cette quête l'a mené à de véritables trésors, comme cet ouvrage de l'abbé Étienne Blanchard datant de 1920, qui, dans un souci de bien parler, promeut hocquet pour « hockey », gauleur pour « gardien », galine pour « rondelle ». Heureusement, ces expressions ne sont pas passées à l'histoire. Dans le même trio que l'homme d'Église (!), on trouve René Lecavalier (doctorat honoris causa de l'UdeM), qui donnera ses lettres de noblesse au commentaire sportif durant les descriptions de matches à Radio-Canada dès 1952.

Autre perle découverte par l'infatigable « joueurnaliste » : le poème Rosita la rondelle, lu par Jacques Lemaire à la télévision de Radio-Canada dans les années 1970 : « Ronde et noire/Chérie, je t'adore : tu es mon gagne-pain, tu es ma mine d'or... Pardonne-moi/Rosita mon trésor, mais je ne suis heureux que quand je score. »

Ça sent la coupe.

Mathieu-Robert Sauvé

Benoît Melançon, Langue de puck, Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 pages illustrées en couleurs, 16,95 $.

 

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