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Hommage à Monsieur Camille Limoges

Monsieur Camille Limoges obtient une licence en philosophie à l’Université de Montréal en 1964, avant de compléter sa formation universitaire à l’Institut d’histoire des sciences et des techniques de la Sorbonne que dirige alors Georges Canguilhem, successeur de Gaston Bachelard et éminent représentant de l’épistémologie française. Philosophe et historien de la biologie dans l’âme, travaillant sous l’égide de Canguilhem, Camille Limoges consacre sa thèse de doctorat à la sélection naturelle chez Darwin. Il soutient cette thèse en mai 1968, en conjonction avec des événements historiques qui ont profondément marqué le monde universitaire et sans doute le monde tout court. Cette thèse, publiée aux Presses Universitaires de France deux années plus tard, constitue encore aujourd’hui une référence obligée pour tout chercheur qui s’intéresse à la théorie de l’évolution. Ce ne fut là que le premier de nombreux travaux de recherche qui ont jalonné une prestigieuse carrière internationale.

Cette carrière se joue d’abord à l’Université de Montréal, puis à l’Université Johns Hopkins où il exerce les fonctions de professeur d’histoire des sciences, et puis à nouveau à l’Université de Montréal où on lui confie la mise sur pied l'Institut d’histoire et de sociopolitique des sciences qu’il dirige de 1973 à 1977.

À la fois homme de réflexion et d’action, Camille Limoges voit alors sa carrière s’infléchir vers d’autres sphères, celles des politiques publiques de développement des sciences et de l’innovation. La conviction profonde de Camille Limoges est que le développement scientifique et technologique doit être orchestré comme l’une des pièces maîtresses de l’avenir du Québec. Et il sera le principal orchestrateur de cette magistrale partition. Il occupe successivement toute une série de postes dans l’administration publique et le rôle qu’il y joue aboutit à des réalisations majeures. Il a contribué à la rédaction de la première politique scientifique du Québec, il a aussi œuvré à la création du premier ministère de la Science et de la Technologie, dont il devint le sous-ministre en 1983.

De 1987 à 1997, il ouvre de nouveau une parenthèse académique dans son itinéraire d’administrateur et de haut fonctionnaire visionnaire et diligent pour se joindre à l’UQAM : il y poursuit l’analyse des problématiques épistémologiques, historiques et sociopolitiques qui sous-tendent les rapports entre science et société. Il vise notamment à promouvoir les études sur la science dans le cadre d’un Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie, le CIRST, auquel participent, entre autres, plusieurs chercheurs du Département de philosophie de l'Université de Montréal.

Mais il y a tout particulièrement lieu d’admirer les derniers grands traits de sa carrière au service de l’État québécois depuis 1997, d’abord comme président du Conseil de la science et de la technologie, puis comme sous-ministre au ministère de la Recherche, de la Science et de la Technologie. Analyste des rouages de la société du savoir et de la nouvelle économie, il y définit à la fois des lignes d’intervention pour l’État, des projets pour la communauté scientifique et technologique, ainsi que des visées pour les partenaires du secteur privé, dans le cadre de la nouvelle politique scientifique du Québec qui voit le jour en 2001. Nous vivons toujours de cette impulsion éclairée.

Camille Limoges, que nous honorons aujourd’hui, est un philosophe remarquable, si l’on donne à ce terme le sens qu’il avait au siècle des Lumières. Il est à la fois penseur et homme d’action, indissociablement investi d’une mission d’avancement des connaissances et de progrès social.
Je vous prie, Monsieur le doyen, de remettre à monsieur Camille Limoges la médaille de la Faculté des arts et des sciences.

Hommage rendu lors de la Collation des grades de premier et deuxième cycles de la Faculté des arts et des sciences
Le jeudi 19 juin 2008