Passer au contenu

/ Faculté des arts et des sciences

Je donne

Rechercher

Navigation secondaire

La magie des capteurs de rêves

«Dans la culture amérindienne, le capteur de rêves a une grande importance, puisqu’il permet de voir nos songes plus clairement et de mieux comprendre le Grand Esprit, qui communique au moyen des rêves. Durant la nuit, seuls les beaux rêves passent à travers la toile tissée alors que les cauchemars y sont piégés. Ces derniers disparaissent à l’aube avec les premières lueurs du soleil. C’est ça, la magie des capteurs de rêves», explique Évelyne St-Onge aux étudiants venus pendant leur heure de dîner apprendre à fabriquer un capteur de rêves.

Cette activité organisée par des Innus de l’Institut Tshakapesh à l’occasion de la 2e Semaine autochtone de l’Université de Montréal a rassemblé, le 21 septembre sous leur grande tente, unshaputuan en langue innue, une quinzaine d’étudiants de l’UdeM et des résidents des quartiers environnants.

À partir d’un cerceau fait de branches de saule ou de vigne, tous sont affairés à tisser minutieusement la corde synthétique de tendon d’animal en commençant par le pourtour du cerceau. «Le fil reliant les différentes boucles autours du cerceau doit être légèrement lâche, indique Paul Blacksmith à un petit groupe de participants regroupés près de lui. Le fil sera tendu pendant la suite du tissage.» Selon une technique bien particulière, le cercle de tissage devient de plus en plus petit. Une ou des billes décoratives représentant les points cardinaux peuvent être ajoutées en cours de fabrication au gré du hasard pour créer un motif particulier. À ceux qui ont un peu de difficulté, il dit d’un ton amusé pour les encourager : «On apprend dans la misère!»

Originaire de la communauté de Mashteuiatsh, au Lac-Saint-Jean, cet artiste autochtone confectionne des capteurs de rêves depuis son enfance. Il travaille aussi l’écorce avec le couteau croche servant à la cueillette des fruits sauvages. Ses œuvres ont été vendues dans plusieurs pays d’Europe et d’Afrique ainsi qu’au Japon. «J’ai commencé à m’intéresser à l’artisanat et aux savoirs traditionnels en observant mes grands-parents fabriquer des objets du quotidien en forêt», commente l’homme dont le nom innu est Nuage blanc. Il habite aujourd’hui dans la réserve d’Uashat, sur la Côte-Nord.

La plume signifie le souffle de l’air

Tout en guidant les étudiants dans le tissage de leur capteur de rêves, Paul Blacksmith raconte à la journaliste de Forum son lien avec la nature, les valeurs autochtones, les rituels de la chasse à l’ours et comment il a appris à jouer du tambour grâce à un rêve. Sur ce secret révélé par les esprits, il dira peu de choses : «Je dois transmettre le contenu du songe à une seule personne de mon vivant», dit-il. M. Blacksmith, s’il compte une famille élargie de quelque 300 personnes, n’a pas encore déterminé qui sera l’élu.

À l’autre extrémité du shaputuan, Évelyne St-Onge, une des fondatrices de Femmes autochtones du Québec, et Louisa Rock, aussi originaire de la communauté d’Uashat, initient d’autres étudiants à la fabrication des capteurs de rêves. Leur collègue Madeleine Dominique coupe de son côté les lanières de daim qui serviront à la décoration de ces objets artisanaux traditionnels.

«La tradition veut qu’une plume soit placée dans le capteur de rêves, mentionne M. Blacksmith. Elle symbolise le souffle de l’air essentiel à la vie.» L’usage des plumes provenant d’oiseaux sacrés comme les hiboux et les aigles – qui représentent respectivement la sagesse et le courage – a été aboli lorsque les capteurs de rêves ont été vendus dans les commerces. Aujourd'hui, on utilise de fausses plumes ou des plumes d’oies.

Archives