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Anik Pelletier

Baccalauréat en linguistique et traduction (1992)

Anik Pelletier

« Il faut continuer à faire la promotion du français! »

Diplômée du Département de linguistique et de traduction de l’Université de Montréal il y a tout juste 30 ans, Anik Pelletier a fait carrière comme langagière chez HBC, Target et Rogers, prenant petit à petit des responsabilités croissantes. Elle évolue depuis 18 mois au sein de l’agence créative Bleublancrouge (BBR) et du collectif Humanise, à titre de vice-présidente du service Langage de marque, et est ainsi l’experte à laquelle les entreprises font appel lorsqu’elles veulent adapter un message pour le public québécois. Le réseau des diplômés et des donateurs s’est entretenu avec elle.

Qu’est-ce que le langage de marque?

Anik Pelletier : Le langage de marque fait partie intégrante de l’image de marque d’une entreprise. Il s’attarde à la manière dont une marque veut faire passer son message, les mots, les tournures qu’elle souhaite utiliser. Si le message n’est pas bien calibré pour le public ciblé, il n’atteindra pas ses objectifs. Aujourd’hui par exemple, notre clientèle s’intéresse beaucoup au langage inclusif pour atteindre aussi bien les femmes que les hommes, mais aussi les différentes communautés. Ce n’est pas toujours facile, car la langue française est beaucoup moins inclusive que ne l’est l’anglais. Mais ce n’est pas incontournable. Notre rôle est de les guider dans cette voie et de trouver des solutions.

En gros, vos clients sont anglophones et souhaitent réussir à faire passer leur message en français?

C’est une partie des activités de mon service effectivement. Tout a démarré il y a douze ans, lorsqu’une grande marque internationale a frappé à notre porte. Elle n’était pas satisfaite de la traduction qui était faite de son message en français canadien et cherchait un partenaire pour redresser la situation. Je n’étais pas encore là à l’époque, mais Bleublancrouge a monté une équipe autour de ce besoin, avec des gens qui combinent des aptitudes en traduction, mais qui surtout sont capables d’adapter le message pour qu’il s’inscrive bien dans la culture locale. Aujourd’hui, mon équipe est composée de 25 personnes.

Vous, qu’est-ce qui vous a menée à ce choix de carrière?

J’ai su à 14 ans que je voulais devenir traductrice, et à partir de ce moment-là, tous mes choix académiques ont été faits dans ce seul objectif. Je suis notamment allée faire ma dernière année de secondaire en Floride pour parfaire mon anglais. Quand j’étais étudiante, je ne pensais cependant pas que je me retrouverais dans un poste de gestionnaire. Je voulais faire mes classes en entreprise et ensuite, travailler à la pige, dans mes pantoufles. Ce n’est pas vraiment ce qui s’est passé…

Quel souvenir gardez-vous de vos années à l’Université de Montréal?

L’insouciance! J’ai beaucoup aimé ces années. Le programme était très varié, même s’il n’y avait pas encore tous les outils technologiques. Nous avions des cours de terminologie, de linguistique, de version, de thème. Il y avait de la traduction littéraire, commerciale, juridique. C’était passionnant!

Est-ce qu’un professeur vous a particulièrement marquée?

Une professeure, oui, Monique Cormier. Une sommité! Exigeante, rigoureuse, détentrice d’un tel savoir! Elle parvenait à transmettre sa passion. Je l’ai rencontrée depuis à quelques occasions lors d’événements, et elle dégage toujours cette même aura.

Qu’est-ce que vous voudriez dire aux jeunes qui souhaitent se lancer dans un métier langagier?

Assurément de cultiver leur curiosité. Au fil de ma carrière, j’ai traduit des textes dans des domaines très divers. Ça m’a ouvert à beaucoup d’univers. Il ne faut pas hésiter à aller lire sur le sujet sur lequel porte notre traduction. Quand on maitrise le domaine, on est bien meilleur. C’est ce qui nous permet de sortir de la traduction littérale et d’avoir une véritable valeur ajoutée. J’ai toujours cru à la polyvalence et c’est ce qui m’a menée où je suis aujourd’hui.

Pour finir, on voit bien que vous êtes passionnée par la langue française. Depuis quelques années, vous n’hésitez pas à aller la défendre sur diverses tribunes, notamment dans La Presse et dans Les Affaires. Pensez-vous qu’elle soit aujourd’hui en danger?

Clairement oui. Dans un sens, c’est un effet pervers du succès de la Loi 101. Depuis son adoption dans les années 70, on a un peu perdu de vue les grandes batailles pour protéger le français. Les jeunes ne sentent pas la même urgence de le préserver. Ils voient moins le danger qui guette. Or, une langue vit par ses locuteurs et ses locutrices Si les gens ne veulent pas parler une langue, aucun gouvernement, aucune loi ne pourra contrer son déclin. Il faut continuer à faire la promotion du français.