Julia Itel
Maîtrise en sciences des religions (2018)
Les sciences religieuses pour mieux comprendre le monde
Julia Itel est actuellement doctorante en sciences religieuses à l’Université de Fribourg en Suisse, après avoir obtenu sa maîtrise à l’Institut d’études religieuses de l’Université de Montréal. Elle s’intéresse à la place de la religion dans nos sociétés ultramodernes.
« Je suis quelqu’un de très intuitif. Dès mon premier contact avec l’Institut d’études religieuses, j’ai su que j’étais à la bonne place, raconte la doctorante. C’était une évidence. Et effectivement, il s’agit d’une excellente formation. L’enseignement y est de qualité, bienveillant, constructif. J’y ai construit les véritables fondements de ma carrière. »
Ce premier contact, Mme Itel l’a avec une conseillère de l’Institut. À l’époque, elle termine son baccalauréat en psychologie avec mineure en sciences religieuses de l’Université McGill. Elle cherche vers quelle maîtrise aller, s’est découverte une véritable passion pour l’étude des religions, et cherche les débouchés qu’une telle formation lui ouvrirait.
« Je suis Française, précise-t-elle. Et je n’ai pas été éduquée dans un contexte chrétien. Par ailleurs, le principe de laïcité à la française fait en sorte que les sciences religieuses ne sont pas véritablement une option à laquelle on pense quand vient le temps de choisir sa voie. Mais le côté maternel de ma famille était ouvert à la spiritualité. C’est quelque chose qui me parlait. Dès que j’y ai touché, j’ai su que ça allait satisfaire ma quête de compréhension du monde. »
Spiritualité et ultramodernité
Après un secondaire international, Julia opte pour une université anglophone dans le but de parfaire son anglais. Un bref passage par une faculté de management lui fait comprendre que là ne sont pas ses intérêts, et elle se redirige en psychologie. Elle croit pouvoir y assouvir son besoin de comprendre l’humain, les cultures, les civilisations, les symboles, mais elle découvre ensuite les études religieuses.
« J’ai tout de suite été fascinée, affirme-t-elle. On me demandait de réfléchir sur des questionnements que j’avais depuis longtemps. Cela m’a aussi permis de mieux comprendre les enjeux ainsi que le fonctionnement de nos sociétés mondialisées. »
À l’Institut d’études religieuses de l’UdeM, sa maîtrise est dirigée par Solange Lefebvre, titulaire de la Chaire en gestion de la diversité culturelle et religieuse, vouée à l’étude de la religion dans la sphère publique. Julia souhaite travailler sur l’enseignement du fait religieux en France et au Québec, mais les premiers conseils de lecture de la Pre Lefebvre la mènent plutôt à entreprendre des recherches sur la place de la spiritualité à l’ère de l’ultramodernité. Son mémoire de maîtrise, noté « exceptionnel » est publié en septembre 2019 aux éditions Yves Michel, sous le titre Spiritualité et société durable. L'engagement éthique des créatifs culturels. L'ouvrage propose une définition de la spiritualité alternative contemporaine, susceptible d’accompagner des individus engagés dans un projet éthique et écoresponsable.
« Je poursuis dans la même veine au doctorat, ajoute-t-elle. Je m’intéresse à l'écospiritualité en contexte francophone. J’étudie les croyances et les comportements d’un ensemble de groupes qui partagent une vision sacralisée et réenchantée de la nature. La littérature est plutôt réductrice en la matière. Elle parle de religiosité individuelle, bricolée, décousue. D’individus égocentriques et narcissiques qui puisent leurs croyances dans différentes traditions et qui sont finalement peu respectueux des religions. J’essaye de dépasser cette vision. »
Des débouchés de plus en plus grands
Selon elle, ce croyant moderne ressemble moins à un bricoleur, consommateur de croyances, qu’à un individu inscrivant ses valeurs et sa quête de sens dans un projet éthique, social et politique. Ce chercheur porterait, selon son hypothèse, les caractéristiques des créatifs culturels. Critique envers la société néolibérale et le monde financiarisé, il cherche d’autres voix et s’inscrit comme l’héritier de la contre-culture des années 60 et 70, voulant réenchanter le monde dans un contexte de crise écologique.
La doctorante travaille parallèlement comme rédactrice web pour une émission de télévision. Lorsque sa thèse sera bouclée, possiblement fin 2024, elle espère poursuivre une carrière universitaire, mais elle sait également que les débouchés sont de plus en plus nombreux au-delà du monde académique.
« Nous développons des outils réflexifs pour penser le monde contemporain, explique-t-elle. Contrairement à ce que l’on pense, la religion n’a pas disparu de la société, mais elle se réactualise sous d’autres formes, comme la nature, qui structurent et organisent l’ensemble du social. On a besoin de gens qui analysent les situations sur le terrain par ce prisme. En sciences religieuses, le fait religieux est au centre, mais il est abordé par l’histoire, la philosophie, l’anthropologie, la sociologie, etc. L’interdisciplinarité, au cœur de ces études, ajoute une profondeur d’analyse vraiment passionnante ! »