Hommage à Monsieur Fabien Deglise
Fabien Deglise a obtenu un baccalauréat en sciences de la communication en 1994 et une maîtrise en sciences de la communication en 1996. D’abord journaliste pigiste à l’Actualité, à Radio Canada et à Télé Québec, il devient journaliste pour le magazine Protégez-vous en 1997 et journaliste à plein temps pour le quotidien Le Devoir en 2000.
Spécialiste des questions de société touchant l’urbanisme, la consommation, les nouvelles technologies et les communications, il a reçu de nombreux prix et distinctions, dont le Prix Molson de journalisme en loisir, en 1998, et la bourse Nord-Sud ACDI-FPJQ, en 2004, pour un reportage sur Tuvalu, un état polynésien au centre de l’océan Pacifique menacé par la montée des eaux due au réchauffement climatique. On lui a également décerné, en 2005, la bourse ACDI Journalisme et développement pour un reportage sur le Vietnam.
Le commentaire que suscitent le plus souvent les articles de Fabien Deglise, c’est le suivant : ce journaliste donne l'impression de s’amuser en écrivant. Le principal intéressé ne dément pas cette idée : « Tant qu'à écrire, dit-il, autant s'amuser avec les mots, pour rendre la lecture d'une nouvelle agréable et pour surprendre le lecteur ». Surprendre le lecteur semble d'ailleurs faire partie de ses motivations, tant il aime les sujets et les angles d’approche qui sortent des sentiers battus. La diversité de l'information, des angles et des sujets contribue, selon lui, à la bonne santé du monde de l'information et de la démocratie. Écrire en restant fidèle à ce principe est loin d’aller de soi actuellement, à l'heure de la concentration de la presse.
C'est sans doute cette quête de diversité qui l'a amené au Vietnam pour rencontrer des Canadiens d'origine vietnamienne qui sont retournés dans le pays de leurs ancêtres pour contribuer à son développement. C'est pour ces mêmes raisons encore qu’il a passé près d'un mois à Tuvalu, ce pays de la Polynésie qui offre une autre façon d'aborder les répercussions du réchauffement de la planète. C'est aussi par goût pour la diversité qu’il s’est retrouvé dans une « ville lente » italienne (cittaslow) pour parler de quête de la lenteur et de développements régionaux atypiques. Plus récemment, un article sur Bruno Latour, récipiendaire d’un doctorat honoris causa de l’Université de Montréal, lui a permis de mieux faire connaître une pensée à la fois rigoureuse et novatrice, qui ne trouve pas souvent son chemin dans les médias.
Bref, vous comprendrez que la pensée unique ne le fait pas vibrer, non plus que les mouvements journalistiques de masse qui, selon lui, nuisent à la bonne information du public.
Ses « bons coups » comme journaliste, il dit ne pas s’en souvenir vraiment. « Quand on travaille dans un quotidien, dit-il, on oublie le lendemain ce qu'on a écrit la veille ». Cette attitude lui permet de rester alerte et de continuer à avancer pour informer et surprendre ses lecteurs. Et, pour Fabien Deglise, surprendre ne signifie pas divertir, car l’omniprésence du divertissement est à ses yeux l'un des plus grands problèmes de notre époque dans le domaine de l'information.
D'où cette attitude lui vient-elle? Il ne le sait pas lui-même. L'anticonformisme de Michel Foucault, sur lequel s’appuyait le cadre théorique de son mémoire de maîtrise, ne lui a sûrement jamais déplu. Il aime aussi la plume d’un Barjavel, journaliste français et figure marquante de la littérature de science-fiction, tout comme l'audace d’un Gunter Wallraff, qui s'est déguisé en Turc pour mieux comprendre le racisme en Allemagne. Mais il ne court pas après les modèles, créant de lui-même le style journalistique hors pair qu’on lui connaît.
Journaliste d’exception, Fabien Deglise est aujourd’hui une référence dans le monde des médias écrits et c’est donc avec grand plaisir, Monsieur le Doyen, que je vous invite à lui remettre la médaille de la Faculté des arts et des sciences.
Hommage rendu lors de la Collation des grades de premier et deuxième cycles de la Faculté des arts et des sciences
Le mercredi 18 juin 2008