François Dubet a commencé sa carrière académique en 1977 au Département de sociologie de l'Université Victor Segalen Bordeaux 2, où il est actuellement un professeur de classe exceptionnelle. En 1986, il a obtenu un doctorat d'État en sociologie décerné par l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Depuis 1999, il en est le directeur. Fortement impliqué en recherche, il cumule à ses fonctions d'enseignement, celle de directeur adjoint du Centre d'analyse et d'intervention sociologiques (CADIS, EHESS), un centre fondé en 1981 par Alain Touraine en collaboration avec quelques jeunes chercheurs, dont il faisait partie. La quarantaine de thèses de doctorat qu'il a dirigées témoigne éloquemment de ses qualités de chercheur et de pédagogue. François Dubet figure dans le peloton de tête de la sociologie en France et sa réputation s'étend également dans les pays francophones et aux quatre coins de la planète.

François Dubet aborde la sociologie à travers l'expérience sociale des acteurs. Ses champs d'intérêt s'articulent autour des inégalités sociales, de l'injustice et de la justice sociale. Les objets de recherche auxquels il s'est intéressé au cours de sa carrière sont diversifiés : les mouvements sociaux, la jeunesse et la banlieue, l'école et les étudiants, les travailleurs. Il est auteur d'une œuvre remarquable, composée d'une soixantaine d'articles scientifiques, d'une centaine de contributions à des ouvrages collectifs et d'une trentaine de livres dont plusieurs sont devenus des classiques de la discipline. Ses ouvrages les plus marquants ont été traduits, notamment Le déclin de l'institution (Seuil, 2002) traduit en espagnol; L'école des chances. Qu'est-ce qu'une école juste? (Seuil en 2004) traduit en espagnol et en portugais; Injustices. L'expérience des inégalités au travail traduit en allemand et en anglais. François Dubet a publié récemment Le travail des sociétés (2009) accueilli à juste de titre comme son opus. Il y présente une réflexion audacieuse sur la transformation des sociétés et le déclin des institutions qui invite à repenser les sociétés à travers la transformation des inégalités sociales, leurs formes multiples et leur subjectivation.

François Dubet est considéré comme une des figures de proue de la sociologie française contemporaine. Sa réputation s'étend aux quatre coins de la planète. Il a été notamment invité à enseigner en Allemagne, en Belgique, au Brésil, au Canada, en Espagne, aux États-Unis, en Italie, au Japon, au Maroc, au Mexique, en Norvège, au Portugal, en Pologne et en Slovaquie. Le populaire magazine Sciences humaines se fait fort de placer François Dubet à égalité avec Pierre Bourdieu et Émile Durkheim en notant qu'aujourd'hui ce dernier a su en sociologie outrepasser la notion de socialisation grâce à sa réflexion sur la subjectivation et « être un des premiers à tenter de donner à ces nouvelles approches un cadre théorique renouvelé » (no 161, 2005). La très sérieuse revue La Recherche (no 425, novembre 2008), rarement ouverte aux sciences sociales, l'a récemment qualifié de « sociologue de l'école » en affirmant que, grâce à ses travaux sur le sujet, la sociologie est utile.

À travers son œuvre, François Dubet nous propose en même temps une réflexion sur la sociologie et sur le métier de sociologue. Son ouvrage à teneur autobiographique, L'expérience sociologique, retrace sa riche trajectoire personnelle et intellectuelle, laquelle lui a permis de conjuguer théorie et pratique en incarnant brillamment les figures du professeur, du chercheur et du sociologue public.

Hommage rendu lors de la Collation des grades de premier et deuxième cycles de la Faculté des arts et des sciences le 16 juin 2011