Passer au contenu

/ Faculté des arts et des sciences

Je donne

Rechercher

Hommage à Madame Anne De Vernal

Anne De Vernal a fait ses études de baccalauréat, de maîtrise et de doctorat au département de géographie de l'Université de Montréal.

Anne De Vernal décroche son baccalauréat à 20 ans. Après une première expédition scientifique dans les Monts Torngats, elle s'inscrit au programme de maîtrise en géographie et aux stages de palynologie. C'est alors le coup de foudre pour les grains de pollen et pour la recherche en paléoécologie. Guidée par le professeur Pierre Richard, elle consacre sa maîtrise à l'étude des milieux lacustres, avec les grains de pollen qui sont des témoins de l’évolution de la végétation; Anne De Vernal reconstitue alors les paysages côtiers de l'Est du Canada.

Au doctorat, sous les conseils et la supervision de Pierre Richard de l’Université de Montréal et de Claude Hillaire-Marcel de l'UQÀM, Anne De Vernal s'intéresse au milieu marin. Les sédiments qui s’y déposent y enregistrent en permanence les conditions climatiques, sans les interruptions caractéristiques du domaine continental. Rapidement, elle fait la connaissance des kystes de dinoflagellés ces «  petites choses que je ne connaissais pas », dit-elle plus tard. Elle oriente résolument ses recherches sur le potentiel des dinoflagellés, ces algues microscopiques dont les «  coquilles » de protection, les kystes, se fossilisent et enregistrent ainsi l’évolution des climats anciens dans les zones marines boréales et arctiques alors totalement méconnues.

Anne De Vernal, déjà à l’aise au plan international par ses échanges avec le Dr. Turon, un palynologue émérite de France, a par la suite complété sa formation en effectuant des stages post-doctoraux, notamment avec le taxonomiste de renom William Evitt, de l'Université de Stanford.

Aujourd’hui, Anne De Vernal est professeure au Département des sciences de la Terre et de l'Atmosphère de l'UQÀM. Elle est une chercheure de proue au sein de l’équipe du Centre de recherche en géochimie isotopique et en géochronologie (GEOTOP) de l'Université du Québec à Montréal. Ce centre international de recherche créé en 1974 est devenu en 2000 un centre interuniversitaire regroupant des laboratoires situés sur quatre campus universitaires et, de là, un centre géoscientifique majeur au Canada.

Les travaux en recherche d’Anne De Vernal en micropaléontologie ont conquis la communauté internationale et ils ont remarquablement contribué à l’avancement des connaissances dans les domaines de la paléocéanographie, la paléoclimatologie et la palynologie continentale et marine. Son programme de recherche consiste plus particulièrement à étudier les assemblages de microfossiles et à évaluer leur contribution à titre de bio-indicateurs des changements dans les conditions environnementales passées.

Les réalisations en recherche d’Anne De Vernal sont nombreuses et diversifiées.

Au plan conceptuel, elle a donné la parole aux kystes de dinoflagellés pour qu'ils nous révèlent l'histoire du climat et ce, malgré le scepticisme de plusieurs scientifiques. Son travail pionnier et rigoureux a permis le rapprochement, sur des bases quantitatives, entre les populations fossilisées de dinoflagellés et la reconstitution paléoenvironnementale, notamment le degré de couverture et la durée du couvert de glace de mer. Ses résultats ont ébranlé au passage plusieurs hypothèses sur l'évolution du climat, proposant par exemple qu’il faille de la chaleur et de l’humidité pour qu’il y ait des glaciations!

Dans ce contexte, Anne De Vernal s’est bâti un impressionnant dossier de publications diffusées dans les meilleures revues du domaine dont Quaternary Science Reviews et la revue Nature. La très grande qualité des travaux de recherche d’Anne De Vernal a d’ailleurs été reconnue en 1996 par le Prix d'excellence en recherche de l'Université du Québec.

Dans la foulée, Anne De Vernal était, à l’automne 2004, l'unique scientifique canadienne de l'expédition internationale du «  Integrated Ocean Drilling Program » à bord du navire «  JOIDES Resolution ». L'expédition qui partit de Terre-Neuve et se termina 7 semaines plus tard dans les Açores réunissait 30 scientifiques de neuf pays. L’objectif d’Anne De Vernal était de prélever des carottes des sédiments des fonds marins afin d’étudier les deux derniers millions d’années, soit la période marquée par un refroidissement important du climat planétaire et une intensification des glaciations.

Son implication au sein de la communauté scientifique est tout aussi exemplaire comme en témoigne son mandat à la présidence de l’Association québécoise pour l’étude du Quaternaire de 1988 à 1992, et son implication dans l’organisation de nombreux colloques dans le cadre de congrès nationaux et internationaux.

Hommage rendu lors de la Collation des grades de premier et deuxième cycles de la Faculté des arts et des sciences
Le 18 octobre 2005